Reportage réalisé au Laboratoire Mémoire & Cognition (dir. Prof. P. Piolino), Institut de Psychologie, Université Paris Descartes.
Tous les droits appartiennent à France Télévision.
Reportage réalisé au Laboratoire Mémoire & Cognition (dir. Prof. P. Piolino), Institut de Psychologie, Université Paris Descartes.
Tous les droits appartiennent à France Télévision.
Le cinéma, comme les autres formes d’art, guide la société en jalonnant son évolution. Les films sont un vecteur ludique d’images et de notions. Ils peuvent servir à illustrer certains concepts, certaines théories ou pathologies, en espérant que cela donne envie au spectateur de se renseigner et de s’informer, plus en détail, sur des sujets importants et souvent méconnus.
La folie est un thème puissant, permettant de la part des réalisateurs de créer les intrigues les plus complexes et les retournements de situation les plus improbables. Ce n’est pas pour rien que la maladie mentale trône en sujet le plus fréquent. Effrayant ou triste, rarement comique, l’angle prit par les cinéastes pour dépeindre la psychopathologie témoigne aussi des attentes de leur public.
Voici une liste de films, en lien d’une manière ou d’une autre avec ce qu’il peut se passer dans notre cerveau, à conseiller à vos étudiants, patients ou toute personne intéressée par la psychologie :
Épouvante / Thriller :
Drame
Science-Fiction
Comédie
Documentaire / Biographie
Dessin animé
Série
Il manque un film? N’hésitez pas à m’envoyer vos suggestions, je les rajouterais sur la liste 🙂
Un grand merci pour les contributions de Ninette Abi Atallah, Joséphine Caron, Eric Bethermat et François-Paul Maury.
L’habit ne fait pas le moine. Certes.
Pourtant, l’on ne pourra s’empêcher d’évaluer spécifiquement quelqu’un qui se présenterait en sandales vêtu d’une longue tunique maronâtre… et ce avec raison, car dans 99% des cas, c’est effectivement un moine. Ces heuristiques, ces stratégies automatiques et peu coûteuses pour notre cerveau sont le fruit d’une longue et complexe évolution et, la plupart du temps, nous facilitent la vie. Mais pas tout le temps… Dans ce cas, elles ont bien failli me faire rater ce « Beau Livre de la psychologie ».
J’ignore si le titre est volontairement ironique, mais il faut avouer que l’ouvrage est ne donne pas envie. Avec son allure mystique de recueil de contes enfantins, il faut se forcer pour lui donner sa chance de receler un contenu lumineux et rafraîchissant.
Ainsi, malgré les mauvais goût de l’éditeur, et le prix lui aussi rebutant (30€), cet ouvrage (issu la série des « le Beau livre De … ») fut une surprise, l’intérieur étant en quelque sorte le négatif de l’extérieur.
Ici, la psychologie est, – pour une fois, replacée à l’aune de l’Histoire. Et non pas l’histoire depuis Pavlov, Freud, les lumières ou même le moyen-âge. non, l’Histoire de l’humanité . En effet, cette science est enracinée dans les réflexions des hommes depuis le premier jour. Bien qu’aujourd’hui, les théories anciennes semblent dépassées, obsolètes, anecdotiques voir drôles, elles étaient le fruit d’une profonde motivation à la compréhension de soi-même. Pour y parvenir, ces hommes faisaient avec ce qu’ils avaient: les astres, les saisons, les lignes de la main, les bosses du crâne…
De plus, l’oeuvre de Pickren met en lumière le rôle et l’apport considérable des cultures orientales et asiatiques sur notre vision des émotions, des sentiments, et de l’humain en général. Il place chaque grande découverte, chaque grande théorie à égalité, une page pour chaque, par ordre chronologique, apportant une vision quasi-évolutionniste de la psychologie .
Ainsi, cet ouvrage est à parcourir au moins une fois, pour nous rappeler que l’on vient de loin, et que le chemin reste encore long.
Procédons à une expérience simple et amusante. Prenez un jeune et brillant neuropsychologue et demandez lui « qu’est ce que la neuropsychologie ? ». Dans certains cas, après quelques balbutiements, il vous répondra par un exemple issu de son métier ; « la neuropsychologie, c’est faire ci ou ça ». Au mieux, il vous donnera une réponse incomplète, voire fausse : «la neuropsychologie est un outil», « une méthode » ou pire, « un point de vue »…
Non pas que le neuropsychologue en question soit incompétent, loin de là. Mais c’est un exercice que nous n’avons pas l’habitude de faire. L’enseignement de la neuropsychologie vient petit à petit, de manière dénouée et parcellaire. Si, in fine, nous en acquérons une vision globale, jamais la verbaliser n’est nécessaire. De plus, la définition de la neuropsychologie, complexe et difficile à formuler, est surtout très débattue. Les métiers qui en découlent sont multiples et, trop souvent, d’aucuns essayent de circonscrire la neuropsychologie à leur petite activité. Par exemple, un neuropsychologue qui fera de la remédiation cognitive avec des patients psychiatriques aura sans doute une vision quelque peu différente de celui-ci qui réalise, jour après jour, des examens neuropsychologiques diagnostiques dans un service de neurologie. Et c’est sans compter tous les neuropsychologues ayant choisi une carrière universitaire et académique, enseignants et/ou chercheurs, parfois critiqués par leurs confrères cliniciens.
Aucun problème, dirait le lecteur averti, prenons une définition plus large. Pas si simple. La neuropsychologie occupe une place à part dans l’organigramme de la science, à la frontière exacte entre les sciences humaines, les sciences de la vie et les sciences médicales. En donner une définition trop large reviendrais à perdre son essence dans les tréfonds nébuleux des neurosciences et de la psychologie. Les neuropsychologues, qu’ils soient cliniciens ou pas, ont une formation commune, des bases théoriques spécifiques, un canevas d’analyse et d’interprétation sous-tendu par une méthode rigoureuse et scientifique.
C’est pourquoi, dans l’objectif d’un consensus ouvrant à la compréhension et au débat, je vais tenter de proposer une définition simple, complète et informative.
Le premier point obligatoire, l’axiome premier, est la notion de science. «Science», nous dit Schopenhauer dans sa thèse à l’intitulé baroque (De la quadruple racine du principe de raison suffisante), « signifie un système de connaissances, c’est-à-dire une totalité de connaissances reliées ensemble, par opposition à leur simple agrégat. ». Ce principe s’appliquant parfaitement à la neuropsychologie, qui contient des théories, des hypothèses et des preuves se nourrissants les unes des autres, elle devient de facto une science. Mais pas n’importe laquelle.
La neuropsychologie fait partie d’un amas de sciences ayant pour intérêt la constitution, le fonctionnement et la production d’un même objet : le cerveau. Par conséquent, elle fait partie intégrante des neurosciences. Elle se situe même à cheval entre les neurosciences médicales (la neurologie, la psychiatrie, la psychopathologie…) et les neurosciences fondamentales (la neurobiologie, la neurophysiologie, la psychologie cognitive…). De plus, elle est également liée par de multiples aspects aux neurosciences appliquées (psychopharmacologie, neuro-ingéniérie, neuromarketing etc.).
Comme dit plus haut, la neuropsychologie est un champs d’étude intégrant des théories, des méthodes d’investigations spécifiques, des débats et des experts, qui s’intéresse à la relation entre matière cérébrale, son organisation anatomique et fonctionnelle, et a son lien avec la cognition et la pensée.
Contrairement à d’autres domaines, la neuropsychologie possède également une composante pratique, appliquée, qui se développe dans l’évaluation, le diagnostic et la prise en charge de patients pouvant souffrir de pathologies très diverses.
Ces multiples facettes font la richesse de la neuropsychologie et offrent une liberté de travail potentiellement exceptionnelle.
Ainsi donc, en résumé* :
La neuropsychologie est une science théorique et pratique étudiant le lien entre l’organisation et le fonctionnement du cerveau, la cognition, la pensée et le comportement.
Elle comporte deux aspects intimement liés :
La neuropsychologie expérimentale étudie les variabilités du cerveau et de la cognition (qu’elles soient d’origine pathologique ou non) pour tester des modèles et développer des théories sur le fonctionnement mental, visant ainsi à une meilleure compréhension de l’Homme.
La neuropsychologie clinique utilise les théories et les modèles sur le fonctionnement mental pour mieux détecter et appréhender les troubles et les déficits d’une pathologie, menant à un diagnostic précis, tout en développant et appliquant des prises en charges modernes et adaptées.
La neuropsychologie se situe au centre de la nébuleuse des neurosciences, au carrefour de la théorie et de la pratique. Ses praticiens, les neuropsychologues, sont liés par une formation commune, des bases théoriques spécifiques, un canevas d’analyse et d’interprétation sous-tendu par une méthode d’investigation rigoureuse et scientifique.
2017 : Cette définition est enseignée aux étudiants de psychologie de l’université Sorbonne Paris-Cité.
Le système universitaire et scientifique français est étrange. Dans une grande partie du monde, les chercheurs peuvent et sont invités à changer ou à multiplier leurs thématiques de recherche. C’est le cas de certains grands noms dont on retrouve des articles sur des thèmes diverses et variés (mais toujours de grande qualité).
Ce n’est pas le cas en France. Ici, c’est l’expertise d’un laboratoire autour d’un sujet précis qui est valorisé. Il est déconseillé de toucher à tout, de s’intéresser à des choses différentes. Ainsi, de la thèse au professorat, le système français forme des experts à la vision et aux possibilités obtus. C’est regrettable. En effet, les plus grandes découvertes et avancées dans un domaine se sont fait grace à l’utilisation de techniques ou de talents venus d’ailleurs, d’autres domaines : c’est le cas en médecine, en psychologie, en physique ou en chimie…
Prenons un exemple mathématique : imaginez 3 points A, B et C. Le maximum de patterns de connexions est 7 : A-B; A-C; B-C; A-B + A-C ; B-A+B-C; C-A+C-B et enfin le triangle complet, A-B-C-A. On ne peut pas faire autre chose avec ce dont on dispose. Si l’on introduit ne serait-ce qu’un nouveau point, on rajoute un nombre très important de patterns de connexions possible. Chaque point nouveau ajouté augmente ce nombre de manière exponentielle.
Autrement dit, si l’on prend un chercheur, ou ensemble de chercheurs disposant à la base de compétences, de moyens et de talents importants, si on leur propose une nouvelle thématique, un nouveau sujet, nul doute que leur créativité et leur productivité se verra massivement augmentée,et que leur point de vue apportera de nouvelles perspectives et de nouvelles interrogations. De l’eau au moulin, en somme.
(Il est intéressant de noter que ce phénomène se retrouve plus globalement dans l’évolution et l’histoire, ou toute grande révolution ou changement provient à l’origine d’une petite minorité de personnes. Ceci pose de réelles interrogations quant au système démocratique qui, par définition, se définit comme la victoire de la majorité sur la minorité : 51% des gens ont choisi telle solution, c’est donc elle qui sera… Mais ceci est un autre débat compliqué sur lequel je reviendrais peut être un jour)
Revenons en à nos moutons.
Le Pr Changeux est l’une des grande figures des neurosciences françaises. N’ayant plus rien à prouver d’un point de vue scientifique, il peut se permettre aujourd’hui de s’intéresser à des thématiques nouvelles et de nous raconter, de sa plume d’une dense légèreté, l’histoire des sciences, des neurosciences, et d’introduire dans cet ouvrage des domaines comme la neuroesthétique, l’étude de la morale, et toute ces disciplines que l’on considère malheureusement pour l’instant comme « à la limite du sérieux ».
Je me souviens encore, quand j’avais décidé de m’intéresser à la neuroesthétique, le regard de travers que m’ont lancé les chercheurs. Ou encore la phrase d’une directrice de recherche du CNRS, qui disait lors d’un workshop sur ce domaine : « la neuroesthétique c’est passionant, j’y crois, mais je ne le met pas sur mon CV »…
Quoi qu’il en soit, ce livre est sans doute l’un des plus intéressant qu’il m’est était donné de lire, parfait pour les vacances, il ouvre vraiment l’esprit et montre que ces thématiques on the edge sont en fait, probablement, le futur.
La philosophie et les sciences sont à l’origine très liées : les philosophes antiques étaient des scientifiques : les deux étaient synonymes (le PhD, le Philosophiae Doctor, en est l’héritage). Puis ces deux voies se sont séparées pour de multiples raisons, tant par l’influence des religions que par les limites techniques de la science. Ainsi, de grandes questions comme « qu’est ce que le beau ? », « qu’est ce que le bien? », « qu’est ce que la pensée » sont restés dans le champ de la philosophie. Aujourd’hui, grâce aux progrès des sciences, on assiste de nouveau à un rapprochement de celle-ci avec la philosophie, et de nombreux mathématiciens, physiciens ou scientifiques exportent leur connaissances et leur méthode pour répondre aux questions fondamentales de notre existence.
Et c’est sans doute l’un des grands enjeux de la science de demain.
« Qu’il est étrange que des milliards d’individus – une espèce entière – jouent et écoutent des motifs sonores dénués de signification, ce qu’il est convenu d’appeler “musique” les occupant ou les préoccupant à longueur de temps! »
Après l’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, un autre livre d’Oliver Sacks. Cette fois-ci, point de prosopagnosie ni de syndrome de Korsakoff. L’auteur nous emmène dans une contrée étrangement peu explorée par les neurosciences et la neuropsychologie, celle de la musique et de ses troubles. Car avant d’obtenir une équivalence pour la médecine en Amérique, le neurologue fut diplômé d’un master d’art, son amour premier.
Sans faire systématiquement référence à Schopenhauer et Nietzsche qui partageaient l’idée selon lequel le vrais génie (« le Génie ») ne pouvait être qu’artiste, on sent néanmoins ici, et dans ses autres ouvrages (le plus récent, l’odeur du si bémol : l’univers des hallucinations, date de 2014), la passion de l’auteur pour l’art et ses multiples formes.
Pourquoi certaines mélodies nous trottent-elles dans la tête des heures durant? Quels sont les mécanismes probables à l’origine de ces « vers musicaux » ? Du coté de la neuropsychologie, Sacks nous décrit des déficits rarement évalués en clinique : parmi eux, le(s) trouble(s) de la perception de la musique, les amusies. Che Guevara, en souffrant, demandait même à son ami de le prévenir d’un coup de coude quand l’orchestre jouait un tango afin de pouvoir inviter une infirmière à danser.
Comme toujours, l’auteur nous raconte d’autres cas surprenants, que je vous invite à découvrir dans ce livre original, que vous soyez musicien, musicophile, ou simplement curieux.
Faisons simple : c’est le petit livre qui m’a donné envie de faire de la neuropsychologie.
Olivier Sacks, le célèbre neurologue prosopagnosique, décrit de sa plume très juste une série de cas aux troubles incroyables dont cet homme qui prenait sa femme pour un chapeau.
L’auteur tient la neuropsychologie en très haute estime, chose agréable à lire à l’heure où beaucoup de neuropsychologues Français s’abritent et se cachent derrière des murs de verre…
Sans rentrer dans un débat houleux en cette belle soirée de juin, je conseille ce livre (en plus au prix rikiki) à tous ceux qui ne l’auraient pas lu, ou comme cadeau pour vos proches soucieux d’ouvrir leur esprit.
La psychiatrie bascule petit à petit et devient de plus en plus « neuro », c’est un fait. Cet ouvrage tombe à pic.
Un coup de cœur 🙂
« The human brain is by far the most complex physical object known to us in the entire cosmos. »
Owen Gingerich, astronome américain, pose ainsi ses mots sur la plus grande question que nous soyons en mesure de nous poser : qu’est ce qui nous fait ?